Le Taiji Quan 太極拳 et le Qigong 氣功, quelques différences !
L’une des questions les plus populaires pour les professeurs de Qigong 氣功 et/ou de Taiji Quan (Taichi Chuan) 太極拳 concerne les différences qui distinguent ces deux disciplines chinoises.

Bien qu’elles partagent nombre de paramètres communs, la première distinction à faire entre ces deux pratiques est d’abord celle de l’usage. Alors que le Taiji Quan est à la base un art martial, le Qigong n’a pas cette vocation, même s’il peut contribuer aux aptitudes martiales du guerrier. Nous reviendrons sur ce point plus tard.
Un peu d’histoire, et… de légendes !
Parce que le Taiji Quan a depuis le début du 20ème siècle sous l’impulsion de différents maîtres a évolué en une méthode de santé et de prophylaxie, celui-ci s’est vu lentement amalgamé au Qigong, qui lui aussi souffre d’une cruelle réduction d’identité.
Pourtant, le Taiji Quan que l’on peut traduire par Boxe du Faîte Suprême - en référence à la poutre faîtière qui domine l’ensemble d’une maison (ici, celle des arts martiaux) – est un art martial qui fut pendant des siècles utilisé par plusieurs grandes familles. Si cette traduction semble quelque peu pompeuse, nous lui préférons celle de l’éminente sinologue Catherine Despeux qui fait le choix de n’en traduire qu’une partie en évoquant la Boxe du Taiji. Taiji étant à comprendre ici comme un couple d’opposés et complémentaires, s’engendrant mutuellement. Il s’agit donc bel et bien d’un art martial, d’un art de combat.
Bien que ses origines s’enfoncent profondément dans la nuit des temps, et que nombre de mythes abondent autour de sa pratique, l’on peut aujourd’hui retracer avec certitude l’évolution de ses différentes lignées, en tous cas, celles familiales.
Le mythe de son origine prend naissance avec le personnage de Zhang San Feng 張三豐, qui prend comme nom de plume Zhang La Ta 張邋遢, c’est-à-dire Zhang le « Souillon », sous la Dynastie des Song 宋朝 (960-1279), ou même la Dynastie des Ming (1368-1644). Après avoir reçu en songe un enseignement de Zhenwu 真武, le « Guerrier Sombre », divinité guerrière tutélaire du temple de Wudang 武當 de la région du Hubei 湖北ou encore avoir observé l’affrontement entre un Serpent et une Grue (ou parfois une pie) - l’anecdote la plus populaire - il aurait inventé une méthode transmise aux moines de ce même temple, mais aussi aux ermites, adeptes du Taoïsme.
Anna Seidel, elle aussi sinologue de renom, suppute qu’il s’agit par-là de donner à Zhang San Feng l’immortalité qui scellera sa légende dans l’histoire chinoise.
Peut-être est-ce surtout pour expliquer d’une façon très capillotractée une quelconque liaison historique entre Zhang San Feng et Chen Wangting, ayant vécu à la charnière entre la dynastie Ming 明朝 et la dynastie Qing 清朝 ?
Quoi qu’il en soit, le terme « Taiji Quan » n’est couché pour la première fois sur le papier que vers la fin de la Dynastie Qing (1644-1911), et nul ne sait quels sont les faits historiques de transmission entre les boxes originelles de Wudang, et le patriarche Chen Wangting (1600-1680), que l’on crédite bien souvent -on l’aura compris, à tort- de l’invention du Taiji Quan. Il aurait codifié la boxe de sa famille qui aurait porté d’abord le nom de Boxe de la famille Chen 陳家拳.
À ce jour, cinq grandes familles composent le paysage du Taiji Quan. Il s’agit dans un ordre chronologique des familles :
1. Chen 陳氏, de son fondateur Chen Wangting 陳王庭 à l’origine de tous les autres styles.
2. Yang 楊氏, de son fondateur Yang Luchan 楊露禪
3. Wu 吳氏, de son fondateur Wu Quanyu 吳全佑, fondé depuis le style Yang.
4. Wu/Hao 武/郝氏, de son fondateur Wu Yuxiang 武禹襄, fondé depuis le style Yang. Ce style sera aussi profondément influencé par le maître Hao Weizhen 郝為真, d’où sa double appellation.
5. Sun 孫氏, de son fondateur Sun Lutang 孫祿堂, conçu sur la structure du style Wu/Hao 武/郝, il contient aussi l’essence des mouvements de la taille du Bagua Zhang 八卦掌, et les déplacements du Xingyi Quan 形意拳, deux autres arts martiaux internes.
Quelques déclinaisons mineures, en terme bien sûr de nombre de pratiquants existent également, comme les styles Zhaobao 趙堡, étudié d’ailleurs par Wu Yuxiang 武禹襄 et le style Li 李氏.
Mais revenons au sujet de cet article.
Les différences entre Qigong et Taiji Quan :
La vocation. Le Taiji Quan est à la base un art martial, taillé pour le combat, le Qigong, non. Si le Taiji Quan n’a pas perduré sous sa forme martiale, c’est parce qu’il s’agissait d’abord d’une boxe jeune, qui a vu son élan stoppé par la modernisation et l’apparition des armes à feu au début du 20ème siècle. Plus tard, une fois les techniques difficiles enlevées pour favoriser son accessibilité et sa propagation dans les universités des sports, il bénéficiera d’un engouement énorme de la population pour ses effets sur la santé physique.
Le Taiji Quan contient des mouvements qui s’enchaînent de façon fluide et continue. Il nécessite ainsi un effort de mémoire plus important que pour le Qigong. Ainsi, l’on retrouve selon les traditions 74 mouvements, 98 mouvements, 108 mouvements, etc… Le Qigong, lui, se présente sous une autre forme : il présente des séries de mouvements, tous séparés les uns des autres. Il existe cependant quelques exceptions comme le Qigong bien connu de l’« Oie Sauvage », ou encore celui de la Cigogne Noire, qui enchaînent les mouvements, toujours sans vocation martiale.
Les raisons de la confusion :
Parce que le Taiji Quan et le Qigong partagent les mêmes exigences de tranquillité, de décontraction, de fluidité et d’usage de l’intention, la confusion s’est vite établie, notamment à partir des années 60 et 70, lorsque ces techniques furent ramenées, souvent partiellement ou seulement orientées sur l’aspect prophylactique.
Ainsi le Qigong et le Taiji furent-ils dans l’esprit des gens souvent amalgamés sous la même bannière de la santé.
Mais ce n’est pas tout, car un autre paramètre a joué son rôle dans la confusion entre ces deux arts: celui de la classification des Qigong. En effet, l’on dénombre aujourd’hui cinq grandes catégories de cet art en Chine parmi lesquelles trône celle du « Qigong martial ».
Voici à ce jour la classification des divers Qigong :
1. Yi Jia Gong醫家功, le Qigong médical.
2. Dao Jia Gong 道家功, le Qigong Taoïste.
3. Fo Jia Gong 佛家功, le Qigong Bouddhiste.
4. Ru Jia Gong儒家功, le Qigong Confucéen.
5. Wu Gong 武功, le Qigong martial.
Cette liste peut bien sûr être étoffée d’autres catégories telles que les Qigong familiaux, transmis comme son nom l’indique dans le cercle rigoureusement familial, les Qigong spirituels, voire religieux, qui même s’ils sont rattachés au bouddhisme et au taoïsme suscités, diffèrent par une approche plus dogmatique que philosophique. Etc…
Parce que le Qigong peut soutenir la pratique martiale à travers des exercices tels que la paume de fer, le vêtement d’airain, ou encore le Tian Xue (l’art de frapper les points d’acuponcture), celui-ci s’est vu assimilé au domaine des arts martiaux.
L’on pourrait donc, avec un peu de justesse, dire que le Taiji Quan -qui comporte toute une dimension de travail énergétique- peut être perçu comme un Qigong, mais le Qigong, lui, ne peut être conçu comme un art martial, incarnant plutôt un paramètre de ce dernier, un outil de plus que l’artiste utilise pour peaufiner ses habiletés martiales.

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